mercredi 24 mars 2010

Jésus est-il goofy ou regular ?

Cette interrogation au faîte de la théologie mondiale, nous est venue suite à une discussion avec Sidonie.
La semaine prochaine est en effet la semana santa (semaine sainte, quand on vous dit que l'espagnol, c'est facile), qui est LA semaine de vacances au Costa Rica. La région se remplit de touristes ticos venus passer du bon temps sur la côte caraïbes. Il parait que c'est impressionnant à voir.
Cette semaine, la dernière avant lesdites vacances, est une semaine d'évaluations à l'école et les deux grandes ont donc un emploi du temps chargé.
L'autre jour, nous discutions de la semaine sainte et Estelle en profite pour faire une interrogation orale surprise sur Pâques. Si les enfants se souviennent bien des œufs, tous les aspects bibliques leur sont étrangers. Estelle explique donc et vient à dire que Jésus finit par monter au ciel. Sidonie, qui a hérité du sens pratique de son père, demande la méthode employée pour monter la haut et commence à faire des essais en prenant de l'élan sur la terrasse. Je l'observe et lui demande enfin quel est selon elle le pied d'appel de Jésus, gauche ou droit, goofy ou regular ?
Sinon, de façon plus terre à terre :
.On a explosé un pneu, usé jusqu'à la corde. J'avais fait une réparation à la Jean-Paoli-Marcel-Belin car il y avait un tel trou que la chambre à air sortait en un magnifique anévrisme. La réparation, pourtant du bel ouvrage, n'aura pas tenu longtemps.
. Sidonie et sa perle. Notre deuxième enfant a passé quinze jours avec une bille coincée au fond du conduit auditif gauche. C'est à l'école que l'insertion a eu lieu et ses tentatives d'extraction n'ont fait qu'aggraver les choses. Elle s'est ensuite bien gardée de nous prévenir. C'est en lui nettoyant les oreilles qu'Estelle a découvert la coquetterie de la jeune fille. Nous avons passé le weekend, sur les conseils du médecin de Puerto Viejo qui était alors à San José, à lui remplir l'oreille d'huile d'olive. Cela n'a malheureusement pas fonctionné et Estelle et Sidonie sont allé chez le médecin, lundi après la classe. L'extraction s'est bien passée et il ne devrait pas y avoir de séquelles.

. Je profite de l'occasion pour dire tout le bien que je pense du médecin de Puerto Viejo. Les deux fois où nous avons eu besoin de ses services, nous n'avons eu qu'à nous en féliciter. Il est compétent, appliqué, disponible, très gentil et patient avec les enfants, il tente toujours de dédramatiser la situation et, chose impensable en France, ne fait pas payer les consultations de suivi. Je rêve, sans y croire, de trouver un énergumène semblable en France.
. Nous sommes allé ce matin en vélo jusqu'à Manzanillo (je n'ai pas mis le pied à terre, alors que mon équipière d'échappée oui). Comme presque à chaque fois que nous allons à Oh La La, les québécois sont arrivés peu après. Ce matin, pour changer un peu, ils avaient apporté les parents de Pierre, venus passer trois semaines dans la région.
. Les assureurs au Costa Rica semblent eux être pires que ceux présents en France. Les formalités nécessaires à la moindre réparation sont telles que les gens préfèrent régler eux même les réparations (S&O vont ainsi payer le remplacement de leur pare brise évitant ainsi une demi douzaine de rendez vous à 50 km d'ici) . Heureusement, ici, l'assurance n'est pas obligatoire.
. Ma vie changé il y a quelques jours lorsque Stéphanie, dont l'ordinateur du restaurant vient de mourir sous les coups conjugués et répétés de la poussière et des embruns, m'a prêté l'écran de 19' qui y était branché. Non seulement, cela me change de mon 10' habituel mais en plus je peux brancher les deux écrans en même temps ce qui constitue un rêve éveillé.
. A l'école, Célestine lit "Le vieil homme et la mer" en espagnol (El viejo y el mar) de Ernest (pas Saison, l'autre, moins connu, qui picolait un peu trop). En Estudio sociales, on est en plein dans la tectonique des plaques. On a aussi préparé un exposé sur "Acento prosodico y acento ortografico").
. Sidonie a eu 100/100 en Français. Nous avons très largement relativisé lorsque nous avons vu les questions. Toutefois, une bonne note est une bonne note. Son 91/100 en espagnol est lui inrelativisable.
. Célestine a chuté en vélo. Son explication est limpide : elle a glissé dans une flaque d'eau.
. Le weekend dernier, nous avons fait une affiche commémorative (photo sur le blog) de la Batalla de Santa Rosa. C'est une date majeure (20 Mars 1856) pour le patriotisme costaricain. Les enfants avaient même une cocarde bleu blanc rouge (le drapeau costaricain est bleu blanc rouge blanc bleu) lundi matin.

lundi 15 mars 2010

Fatche de ! six mois déjà.


Mon mutisme de ces dernières semaines aurait pu trouver une justification satisfaisante si j'avais pu attendre un jour de plus.
J'aurai en effet pu arguer que j'attendais un chiffre rond pour reprendre la clavier mais non, finalement, tout s'écroule comme un château de cartes, je suis simplement à la bourre.
Demain, vous ne le savez surement pas, sera le sixième moiniversaire de notre arrivée au Costa Rica. Six mois donc que nous sommes ici, à ne rien faire si ce n'est essayer de profiter au maximum de la chance que nous avons de vivre cette expérience. Comme à chaque fois, on a l'impression que cela est passé à une vitesse folle et pourtant les chiffres sont là, implacables.
Le pendant obscur de ce constat est que nous partons dans moins de trois mois. Les matheux de mon lectorat vous diront que les deux tiers sont faits et que le séjour n'aura duré en fait que neuf mois (sur les onze initialement prévus) et je les en remercie (on a toujours besoin de matheux près de soi). Nous ne rentrons pas à la mine, il ne nous est donc pas permis de faire la tête. Néanmoins, instinctivement, j'aurai bien fait une petite moue.


A part ça :
. Katie, Morgan et leurs trois enfants sont rentrés de France après un long séjour dans le froid. Nous avons de ce fait perdu 90% du matériel que nous avions chez nous : une voiture, une chaine hifi, un téléviseur, un disque dur multimédia, un balai et un pelle. On était quand même bien contents de les revoir.
. Estelle continue à gérer les cours du CNED et elle se débrouille incomparablement mieux seule qu'avec mon aide (que je croyais pourtant précieuse).
. Je me suis lancé dans le monde merveilleux de la création de sites internet. J'ai comme première cliente Stéphanie de chez Ohlala qui m'a chargé de finir le site de Manzanillo. Je me régale malgré les heures passées sur un écran 10 pouces avec un pad farceur.
. Nous avons fait notre dernière sortie au Panama. Cette fois-ci, nous sommes partis sans P&M. Le déroulement :
1. Départ vendredi 10h00 en taxi réservé par Ingrid qui nous sauve à nouveau la vie.
2. Punta Uva - Sixaola par Paraisio road pour 40 US$.
3. Passage à la douane costaricaine sans encombre et sans faire la queue (nous sommes seuls).
4. Traversée du pont à pieds. En fait, c'est impressionnant car les espaces entre les planches peuvent facilement laisser passer Paola ou Marin. On vise, on se concentre et on passe.
5. La douane panaméenne me force à acheter trois billets Sixaola - San José (à 12 US$ pièce) pour prouver que je ne veux pas m'installer illégalement au Panama. J'obtempère (j'ai failli appeler Dominique de Villepin) et on me tamponne mes passeports.
6. Sixaola - Almirante en minibus pour 40 US$ en compagnie d'un monsieur d'origine allemande très gentil mais qui pèse, selon mes estimations, autant que nous six réunis.
7. Almirante - Bocas town en bateau (Bocas Marine Tours) pour 12 US$. Comme d'habitude lorsqu'il est près d'un moteur qui hurle, Marin s'endort.
8. Bocas town - Saïgon bay (hôtel Bahia del sol) en taxi : 2 US$.
Entre 8 et 9 : trois jours à Bocas del toro.
9. Saïgon bay - Bocas town en taxi : 2,5 US$. C'est 25% plus cher, le taxi était pourri et on a même pris son fils en route.
10. Bocas town - Almirante en bateau (taxi 25) pour 12 US$. Le bureau de Bocas et les bateaux sont un peu moins beau mais le bureau d'Almirante est magnifique et il y a des gilets de sauvetage taille enfant.
11. Almirante - Sixaola en minibus pour 40 US$. On a fait la route avec un surfeur américain et sa copine (Estelle donnait 12 ans au jeune homme) et le fils fashion-victim du chauffeur. Le minibus était pourri et il a essayé de me faire payer 50 US$ (en rêve).
12. Passage des douanes sans problème et du pont avec des sueurs froides (cette fois un gros camion nous a dépassé au milieu en nous rasant les moustaches). A la douane du Panama, j'ai rencontré un motard français qui descend tout le continent en trail BMW avant de remonter jusqu'au Mexique.
13. Sixaola - Punta Uva en taxi partagé pour 30 US$.
Je profite de l'occasion pour parler des taxis à Bocas. Les tarifs sont simples : c'est 0,50 US$ par personne et par course, quelque soit sa longueur. Pour les parisiens qui voudraient se suicider, je voudrai rajouter que les deux petits n'ont jamais payé.
. Sinon a part ça on a passé un excellent séjour chez Jack et Lee (même endroit que la dernière fois). On a eu beaucoup moins de pluie ce qui nous a permis de visiter. On a vu :
. Des dauphins.


. Bastimentos.
. Solarte.
. Des grenouilles rouges.
. Des dizaines d'étoiles de mer de trente centimètres de diamètre.
. Des plages paradisiaques.


. Marin est tombé à l'eau à l'hôtel (qui est donc sur l'eau) mais Estelle, qui était à côté, est arrivée en même temps que lui au niveau de la surface.
. On a testé de nouveaux restaurants dont l'excellent "Lemmongrass" et ses mojitos de la mort avec ses amuses gueules qui tuent.
. Profitant du wifi rapide, on a mis plein de nouvelles photos sur l'album Picasaweb.
. Les québécois ont donné le coup d'envoi d'une guerre terrible qui va, à n'en pas douter, donner lieu à de féroces batailles. Soyons beaux joueurs, le premier coup ne manquait ni d'ingéniosité, ni d'efficacité, ni de classe. Le niveau est élevé mais nous relevons le gant.

On espère que vous allez tous très bien.
On vous fait des bises.

mardi 2 mars 2010

L'aventure est au bout du chemin.


Comme vous le savez peut-être, hier, je suis allé chercher les parents d'Olivier à San José.
Comme nous sommes, Estelle et moi, des professionnels de l'organisation, nous avons fait une liste des courses à faire et un liste des choses à prendre.
Le déroulement a été le suivant :
. Départ 07h40 de la maison, comme prévu ..... Ok
. Route jusqu'à l'entrée du parc de Braulio Carrillo sans encombre et dans les temps .... Ok
. La route qui traverse le parc est fermée à cause d'un glissement de terrain. Le policier me dit que les deux routes (San Carlos ou Turrialba) sont de durée identique soit encore quatre heures (il me restait une grosse heure normalement) .... pas Ok
. Le GPS ne trouve pas San Carlos (normal, j'apprends plus tard que cette charmante bourgade s'appelle maintenant Ciudad Quesada qu'Estelle s'obstine à appeler la Cité du fromage alors que fromage c'est queso et pas quesada) et m'ordonne de faire demi tour pendant les deux heures suivantes .... Pas Ok
. Je retire de l'argent au distributeur automatique de La Virgen où deux jeunes femmes se battent à mains nues au milieu de la route et sous l'œil amusé de tous les hommes de l'assistance (oui, sauf moi, je suis pas comme eux, moi, madame) .... Ok
. Je fais le plein à San Miguel et le pompiste me dit Pura Vida lorsque je démarre .... Ok
. Comme le parc est fermé, il y a du monde sur la route, dont nos amis camionneurs qui ont beaucoup de difficultés à se croiser sur les petites routes de montagne d'où de fréquentes pauses propices à la méditation transcendantale .... moyen Ok.
. A partir de Ciudad Quesada, c'est pluie et brouillard mais ça roule mieux et ça finit sous le soleil à Najanra .... Ok.
. Pas de bouchons à San José et je tombe pile sur le CCCAC grâce au GPS .... Ok.
. Passages hyper efficaces au Price Smart (j'ai donc la même tête de narcotraficant que le dealer de crêpes de Manzanillo) et à l'Hipermas .... Ok.
. Récupération à 18h30 de abuelo y abuela et départ vers la maison. J'ai demandé à un taxi s'il savait si la route à travers le parc était ouverte. Il m'a répondu "Claro que no". Je m'en fous, je parle moyen l'espagnol, je tente .... Ok.
. La route du parc est ouverte mais c'est nuit + pluie + brouillard. Quand il y a des voitures et des camions devant, je repère un bout droit sur le GPS puis je déboite et je scrute pour voir s'il y a des feux en face. Je ne me suis pas fait que des amis sur la route mais j'ai l'habitude, en France je suis immatriculé 30. Quand il n'y a personne, on ne voit plus la route alors je conduis avec le GPS. On s'en sort. .... Ok.
. Le reste est plus facile et au passage de Cahuita, l'ETA (Estimated Time of Arrival) est de 23h20. .... Ok.
. Quelques kilomètres plus tard, je perds l'arrière : pneu arrière gauche crevé. Quand je sors pour changer la roue, j'entends le pneu arrière droit siffler. Les Hyunday sont mal foutues, nous n'avons qu'une roue de secours. .... Pas Ok.
. Je roule au pas jusqu'à la station service de Hone Creek (fermée mais gardée et éclairée) et j'appelle Olivier qui vient récupérer ses parents. .... Ok.
. Je dors dans la voiture pour ne pas la retrouver désossée le lendemain. .... Moyen Ok.
. Je suis à 07h10 chez le réparateur de pneus qui ouvre à 07h00 mais qui aujourd'hui ne sort de son lit qu'à 07h40. Il n'a pas de voiture mais une moto. Il siffle la première voiture qui passe, m'y met avec un cric et me dit qu'il arrive. ..... Ok.
. Il arrive 40 minutes plus tard et le verdict est sans appel. Il faut acheter des pneus. Il n'en a pas mais il siffle la première voiture qui passe dans la station service. .... Ok.
. C'est un ami accompagné de sa femme et de son jeune fils dans un pick up dont les morceaux, rouillés, tiennent par magie. Il connait un endroit où il y a des pneus. Il peut m'amener à Chase (qui est en fait un bout de Panama de l'autre côté de la frontière,le rio Sixaola; où tout est moins cher. Vaya con dios. .... Ok.
. On s'arrête à la banque à Bribri où il y a une queue de 45 personnes pour entrer et une queue de 20 personnes pour le distributeur automatique. L'argent sort quand mon tour arrive. Le vent est-il en train de tourner ? .... Ok.
. Je conseille à tout être humain d'aller un jour à Chase. C'est rien au milieu de nulle part avec de la jungle partout et un rio avec des crocodiles au milieu. Trois bicoques. Dans la notre, plein de trucs pas chers mais qui ne valent pas plus. Sept ou huit employés dedans, trois dehors qui construisent un nouveau bâtiment et à l'entrée, splendide, un appareil à karaoké de 3600 W (389 US$ si vous êtes intéressés) qui hurle des sourates du Coran vers la jungle. Comme on a attendu une bonne demi heure, j'ai essayé de profiter au maximum de l'instant, spécial entre tous. On est aussi reparti avec des pneus Dunlop. .... Ok.
. On rentre à Hone Creek et là, l'histoire bafouille puisque tout s'enchaine sans temps mort. .... Ok.
. Je repars vers la maison je retrouve Estelle et les enfants alors qu'ils montent dans la voiture d'Olivier. Je les récupère ainsi qu'un bidon de 40l d'essence pour la morganmobile.

Cela fait 28 heures que je suis parti, l'Imperial, lorsque je la savoure enfin, a un goût divin.

Portez vous bien.