mardi 26 octobre 2010

Une nouvelle glaciation


Bonjour,

Conscient que certaines personnes me soupçonnent d'être un tantinet excessif, je vais tâcher d'écrire de façon aussi factuelle qui soit.
Je suis actuellement dans la pharmacie de Tresques, à l'heure de la fermeture et dehors, les éléments (enfin surtout un) sont déchainés. Il fait un vent à décorner les escargots et comme il fait nuit et que Claude A. est un visionnaire incompris, il fait un froid polaire (je vous rappelle que je suis présentement on ne peut plus factuel). Il fait tellement froid que les canalisations on gelé et que je vais devoir aller me laver dans le Rhône après avoir cassé la couche de glace qui le recouvre intégralement (là, certains d'entre vous auront détecté des failles dans ma factualité). Heureusement que mon régime n'a pas totalement ôté la couche de graisse brune dont je me suis patiemment recouvert tout au long des ces dernières années, j'aurai pu y laisser la vie. Je me sens un peu comme Rahan, le fils des âges farouches.

Au même moment, ma femme et mes nombreux descendants sont dans un piscine non chauffée à barboter sous un plaisant soleil.
Inutile de vous dire que je suis bien content de ne pas être avec eux.

Aujourd'hui est néanmoins un jour heureux puisque Clément est sorti de l'hôpital avec la ferme intention (normalement justifiée) de ne pas y remettre les pieds avant un bon moment. Cette grandiose nouvelle me réchauffe tant le cœur que je ne me rend presque plus compte que même à l'intérieur, mes doigts sont froids et engourdis (factuel).

Je vous laisse donc pour aller tenter de faire cuire quelques aliments dans ma retraite solitaire.

Et comme diraient les costariciens, qui sont des gens forts religieux (un peu comme Paola), en ces temps d'incertitude :

Hasta mañana, si Dios quiere.

Le MEJEAN PAOLI des glaces

vendredi 22 octobre 2010

Interlude français



Pour des raisons familiales, et grâce à l'extraordinaire flexibilité de Marie-Odile que je remercie encore, je suis en France du 22 au 29 Octobre.
Je commence cette note alors que je suis encore à Pueblo Don Thomas d'où nous parviennent quelques faibles bribes de l'agitation qui règne en France. J'espère que j'arriverai à rejoindre Montpellier Vendredi soir car j'ai prévu de faire le trajet en provenance de Girona par le train (billet Renfe mais trajet majoritairement sur le sol français). Avant que les désagréments ne me fassent changer d'avis, je suis plutôt pour cette contestation puisque la réforme me semble (de mon point de vue d'hypermétrope astigmate) foncièrement injuste.
Je suis d'accord qu'il faut travailler plus longtemps mais les efforts doivent être équitablement répartis. Il faut bien se rendre compte que finalement, quand on tape toujours sur les mêmes, ils finissent par s'en apercevoir (ça, cela fait longtemps, ils ne sont pas plus cons que les autres quoi que certains en pensent) mais surtout un beau jour ils finissent par en avoir un peu marre et le font savoir. Comme le dirait l'autre : gentlemen, start your engines !
Sinon à part ces considérations hautement philosophiques :
. A la récréation, les camarades de classe de Marin mangent des caillettes (je ne m'abaisse même pas à expliquer ce que sont les caillettes, monument gastronomique s'il en est). Après vérification, ce sont des galletas (prononcer gayétas) qui sont des petits gâteaux.
. Paola et moi commençons à savoir siffler comme les vieux gomériens qui silbotent. On plie l'index, on le met dans sa bouche, on souffle et ça fait un sifflement. Bientôt un démonstration sur Youtube.
. J'ai commandé quatre kimonos de judo (prononcer youdo) chez Decathlon (120, 130, 140 et 170 cm) et je les récupère Samedi après-midi à Montpellier. Sidonie croit encore qu'elle fait du kung-fu ou du karaté (cela dépend des jours).
. L'autre jour, en attendant le ferry d'Estelle, nous avons vu en groupe d'une dizaine de dauphins à 20 mètres au large de l'entrée du port. L'un d'entre eux a fait trois fois une jolie pirouette hors de l'eau.
. Au informations télévisées canariennes, j'ai vu (et entendu) Dominique Strauss-Kahn parlant anglais et doublé en espagnol. Je ne m'en suis toujours pas remis.
. Les cours de religion portent de plus en plus leurs fruits. Paola, en regardant la couverture d'un des livres comiques que j'ai emprunté à tonton Virgile ("La guerre de trente ans : 1618 - 1648" de Henry Bodgan) s'écrie : "Il y a plein de Jésus morts". Il y a en fait un dessin avec des cadavres dont certains sont en position de "crucifié allongé". Sidonie lui réplique : "Jésus n'est pas mort puisqu'il s'est envolé". Je lui fait remarquer que Jésus est mort et qu'il est ensuite ressuscité (j'ai une solide formation en théologie fondamentale). Sur ce, Sidonie me regarde avec un sourire moqueur et me dit : "Ah ah, c'est ça !". Je suis allé brûler une bougie anti-moustiques pour expier les péchés de ma descendance.
. Marin a eu quatre ans le 17 Octobre. La canne à pêche qu'il attendait depuis des mois est arrivée à cette occasion et nous l'avons testée, entre hommes, ce Jeudi. Nous n'avions ni appâts, ni plombs, ni bouchon et comme on pouvait s'y attendre, aucun poisson ne nous a fait l'amitié de venir se suicider sur notre hameçon.
. Lors de l'absence d'Estelle, nous avons fait la connaissance de Jesus (par le même, celui-ci n'a par marché à la surface de la piscine), Maria-Jose et Helena. Ce sont les propriétaires de l'appartement au dessus du nôtre. Ils sont très gentils et habitent à Gran Canaria. On a pas mal discuté (enfin surtout pour moi qui discute rarement avec des inconnus) et ils sont venus manger à la maison. Comme j'étais alors un père célibataire, ils ont apporté la nourriture et l'ont cuisiné chez nous. J'ai alors pu découvrir les secrets de la cuisine espagnole. En fait, il n'y en a qu'un : une consommation illimitée d'huile d'olive. Sans exagérer, ils ont passé au moins 750ml dans la soirée. Nous avons mangé : gaspacho, salade verte, frites maison et croquetas (des sortes de boulettes très bonnes). Comme je sais quand même recevoir, j'ai ouvert la bouteille de "Terre promise" apportée par Ludovic et Stefania. Il était excellent et ils ont beaucoup aimé. Leur appartement est à la location si quelqu'un est intéressé.
. Sidonie est en ce moment même à un anniversaire et Paola est invitée Dimanche. Célestine, dont le carnet de bal est encore vierge, se désespère.
. Mercredi, nous avons acheté du thon chez le poissonnier de San Sebastian et les 1250 grammes n'ont pas entendu les douze coups de minuit. Non, nous n'avons pas ni pendule ni clocher proche, c'est une de mes fameuses formules ampoulées pour dire qu'en deux plats (un thon à la tahitienne et des pâtes au thon, aux olives et à la sauce tomate), nous avons tout mangé dans la journée.
. La curiosité linguistique du jour. En espagnol, pluie de dit lluvia. Par contre pluviomètre se dit pluviometro. Peut servir dans un cocktail où l'on se fait un peu ..... .
. La curiosité administrative du jour. Playa Santiago n'est pas un village mais un quartier. Il est de plus muni en son milieu de la limite entre les communautés de San Sebastian de La Gomera (à l'Est) et Alajero (à l'Ouest). Nous habitons à l'Ouest de la frontière et les enfants vont à l'école à l'Est. A la différence des belges, les vietnamiens (avant que l'unité du pays ne se fasse grâce à ma seule naissance et non pas, comme le prétendent certains historiens, du fait de l'oncle Hô) et des coréens, la coexistence est parfaitement pacifique.
. Je suis maintenant dans le Benchi Express en partance pour Los Cristianos via San Sebastian. Le temps est clair, la mer est plate, le renard est dans sa tanière. Dans 13h30, je serai normalement dans l'appartement de Clément à Montpellier.

Excellente journée à tous.

Les MEJEAN PAOLI

lundi 11 octobre 2010

Trithérapie

Cela fait maintenant plus d'un mois que nous sommes installés à Playa Santiago. Force est de constater que nous nous habituons facilement à la vie gomérienne, largement aidés, il est vrai, par les conditions plus que propices. Le temps est absolument parfait : mélange de soleil, de ciel bleu ayant le bon gout de faire de jolis dégradés avec celui du ciel, brise rafraichissante à l'ombre. Le rythme de vie est approximativement celui de la cote caraïbe du Costa Rica et on se surprend parfois à essayer de ralentir un pas déjà fort tranquille tout en essayant de faire le plus de bruit possible (malgré la faible vitesse de déplacement) en raclant consciencieusement les tongs sur la chaussée.
Les enfants s'intègrent selon des rythmes qui leurs sont propres avec, dans l'ordre décroissant : Paola, Célestine, Sidonie et Marin. Marin qui toutefois, et à son corps défendant, laisse peu à peu infuser l'espagnol en lui. Pour preuve, sa sortie remarquée du bar "La Chalana" lorsqu'il ponctua son départ par un tonitruant "Adios guapa" à l'attention de la serveuse qui est aussi aide à la cantine de l'école. Cette expression peut être traduite par "Au revoir beauté". C'est dans ce même bar que nous avons rencontrée Gwenaëlle (nous sommes poursuivis par les bretons qui nous suivent à chaque étape de notre vie : Carole puis Ingrid et Erwann puis Gwenaëlle et surement beaucoup d'autres que nous n'avons pas détectés). C'est la maman de Mateo qui est en classe avec Célestine. Elle est fort gentille et nous avons discuté un bon moment. Ils vivent ici depuis 6 ans en provenance d'Israël où ils avaient vécu 15 ans. Son mari est pécheur mais uniquement pour sa consommation familiale (comme quoi je ne suis pas le seul a avoir une profession non rémunératrice). Ils sont venus en vacances et ont décidé de s'installer. J'ai l'impression qu'ils ont une philosophie de vie assez proche de la notre.
Nous avons aussi rencontré Corinne, belge francophone qui fait des spectacles de marionnettes. Elle est ici pour se rapprocher de sa fille et de sa petite fille.
Dimanche dernier, Paola nous a démontré les progrès réalisés en théologie fondamentale depuis qu'elle a des cours de religion. En entrant dans la cuisine elle a dit : "Pion pion, c'est le jour du Seigneur, on fait des maths".
En parlant de maths (habile introduction d'un nouveau sujet), je me suis aperçu d'un curieux phénomène. En 2010, la famille MEJEAN PAOLI a 100 ans tout rond soit 37+34+10+9+6+4. Je pense qu'avec cette nouvelle, vous dormirez mieux ce soir.
Lors de la visite de nos amis, nous avons découvert un sport tout à fait captivant : "les bolas en couple mixte". Olivier et Ludovic ont été subjugués et se sont engagés à promouvoir cette discipline dans leurs régions respectives.
Maintenant attaquons la partie difficile des nouvelles du jour. Malgré des températures très largement supérieures à celles que vous pouvez connaitre en France, Estelle a froid ici et veut importer une polaire aux Canaries. Notre intégration n'étant pas achevée, j'ai peur que cette action pour le moins surprenante ne la compromette gravement.
Dernier point et non des moindres : je n'arrive pas à mettre les accents circonflexes sous Ubuntu. Merci de me pardonner les omissions.

En guise de conclusion, je voudrai rappeler que mon épouse a abandonné le domicile conjugal (et donc le lit) depuis maintenant trois jours. Les enfants sont alimentés, la maison resplendit, la lessive est à jour, les cours du CNED sont effectués et nous n'avons jamais été en retard le matin. Seule ombre au tableau : j'ai une sorte de migraine perpétuelle qui me force à prendre quotidiennement mon mélange magique : 1000mg de paracetamol, 1000mg d'aspirine et 400mg d'ibuprofène. Quand je vous dis qu'elle ne me manque pas !

Un bonjour de Playa Santiago (climat subtropical sec selon les cours de Conocimiento del medio de Sidonie).

Les MEJEAN PAOLI