samedi 19 décembre 2009

Résilier son abonnement de téléphonie mobile


Il est parfois des moments dans la vie où le destin semble vous pousser dans le dos comme le ferait une brise portante. Un de ces jours où l'impossible semble ne plus l'être. Un instant où vous envisageriez presque de résilier votre contrat avant terme.
Pour ceux qui ont l'opportunité de partir à l'étranger, je voudrais adresser un message d'espoir teinté d'un gros soupçon d'avertissement :
"Allez-y mais faites gaffe ! "
Cette petite voix, je l'ai entendue moi-même il y a de cela quelques mois et étant alors dans la spirale infernale de la préparation du départ, je me suis laissé emporter dans le tourbillon exaltant et terrifiant de la bataille vulgus pecum (lien attestant de mon inculture) contre opérateur mobile.
Je me propose donc de vous faire le récit de cette épopée car en effet c'en fut une.
Pour ceux qui ne le sauraient pas, résilier son abonnement téléphonique avant l'échéance du contrat est impossible sauf (officiellement et surtout théoriquement) en cas de départ à l'étranger. La suspension est possible mais un seul mois et n'ayant pas pour vocation d'engraisser à fonds perdus mon opérateur favori, j'avais donc décidé de faire les choses de façon irréprochable. J'ai donc envoyé un courrier en recommandé avec accusé de réception avec à l'intérieur :
. Une lettre demandant la résiliation et expliquant notre départ pour un an au Costa Rica
. Un exemplaire du contrat de travail de Marie-Odile avec la durée et la raison dudit contrat.
J'aurai pu m'arrêter ici dans mes démarches mais cela aurait été comme m'offrir en pâture tel le nugget de poulet trempé dans la sauce barbecue face à une petit enfant américain obèse au petit déjeuner (avec une bouteille de trois litres de coca light pour faire glisser).
Détestant la sauce barbecue, j'ai pris la précaution d'envoyer un mail avec accusé de réception à mon conseiller préféré du Crédit Patates (habile jeu de mots signifiant primesautièrement Crédit Agricole, découvert lors d'un stage "Poésie contemporaine ultra-fine et un brin guindée" au café philosophique "Chez Madeleine et Youko" - Route de Saint Dionisy - 30980 Langlade - France - Happy hour de 14h00 du matin à 05h00 du matin) lui intimant gentillement l'ordre de refuser tout prélèvement que l'opérateur pourrait, par mégarde bien entendu, présenter après le dernier versement suivant la rupture du contrat.
Quelle ne fut pas ma surprise de découvrir quelques semaines plus tard, tout en sirotant une Imperial afin de contenir une température interne que le chaud soleil costaricain s'évertuait à hausser, que mon opérateur favori avait pris la charmante initiative de me faire payer d'un coup d'un seul, les mois restants sur les deux contrats résiliés. Mon excellent conseiller du Crédit Patates avait bien entendu laissé passer la traite (d'un autre côté, il n'avait pas que cela à faire, c'était la pleine saison des binjes). Les pommes de terre, ça ne doit pas payer assez car il est aussi magicien à mi-temps. Mes sous sont en effet mystérieusement revenus lorsque j'ai renvoyé les copies de mon mail, de l'accusé de réception et de sa réponse.
Comme toutes les belles histoires, la fin est ici aussi heureuse. Nous trouvant déjà fort pourvus, nous décidâmes, Estelle et moi, de continuer à vivre heureux sans pour autant faire plus d'enfants.

En bref :
. La neige est tombée hier dans le Gard. Estelle, qui est une femme d'intérieur tout à fait exceptionnelle, a décidé de laver notre tente moustiquaire en laissant à l'intérieur un kleenex usagé (elle est tout le temps enrhumée, même sous les tropiques). Nous avons donc le plaisir de dormir sous un ciel constellé de petits flocons blancs, c'est absolument féérique. Elle est tellement humble qu'elle a même essayé de nous faire croire qu'elle ne l'avait pas fait exprès.
. Célestine a aujourd'hui 9 ans. Inutile de vous dire qu'il m'est plus que difficile de réaliser que j'ai un enfant de cet âge.
. La cochonnerie de Pierre ne semble pas vouloir rendre les armes aussi facilement que nous l'avions espéré. Nous avons donc tout planifié pour un (toujours éventuel) départ à San José.
. Marin devient aussi pédant que moi. Cette après-midi, sur la plage, à Estelle qui remplissait le crabe vert (en plastique) de sable, il a sèchement déclaré : "Non, c'est moi qui fait les attributions". D'un autre côté, ce serait bien qu'Estelle sache rester à sa place.
. Plan social chez nous. Salina et Martina (Salina, c'est le mari et il est super fort avec une machette alors pas de blague avec son prénom) ne travailleront plus ici à partir de Février. La procédure est assez simple : le patron dit "Tu te casses dans un mois" et après un mois, tu te casses. Pas de gaspillage de temps, de papier ou d'argent. Cela peut vous sembler un peu dur mais ils étaient logés dans une bicoque ouvertes aux quatre vents et payés au lance pierre, cela leur a fait un excellent échauffement. Ce soir, sous le coup de l'émotion et de l'écœurement, nous avons ouvert une bonne bouteille de rouge. Oui, je sais, moi aussi je me fais peur. Va vraiment falloir que je trouve un truc réellement utile à faire de ma vie sinon je vais finir sur la liste d'attente pour une transplantation hépatique.

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